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Le moindre des deux maux

21.09.2012       09:49       10 ͤ jour       Lyudmila

J’ai entendu parler de la méthadone deux ans avant le début du programme TSM1. À l’époque on discutait vivement de ce sujet dans les milieux de toxicomanes, personne ne croyait que les drogues seraient librement distribuées, mais moi, j’attendais avec espoir… Et voilà en 2003 j’ai été une des premiers à entendre que le programme avait débuté. Le lendemain, Slava, Olga et moi sommes allés au CRT2 et avons fait une demande. Leurs critères étaient très stricts, c’est-à-dire la durée de consommation de drogues à injecter devait être au minimum 15-20 ans, le sujet devait avoir suivi un traitement de sa toxicomanie 1 ou 2 fois dans un établissement publique, et ses analyses devaient montrer la présence dans son organisme des opiacés. Nous avons dû attendre plus d’un mois. Après la vérification de nos informations nous avons été hospitalisés pour que la dose nécessaire de méthadone soit établie. Dix jours plus tard j’étais acceptée dans le programme sous le numéro 19.

Depuis, dans le programme, plusieurs failles sont apparues brisant ceux qui se faisaient traiter. Deux ans après le début du programme ils étaient acceptés le jour même la seule condition étant la présence de l’héroïne dans l’organisme. Et je vois des jeunes qui ont tenu une seringue entre les mains une ou deux fois et qui kiffaient encore, ou des gens qui buvaient de l’alcool avant ce programme et viennent juste pour kiffer. Ils ont entendu qu’ici on distribuait de la drogue gratis, mais la méthadone à elle seule ne procure aucune euphorie et ils commencent à chercher des additifs pas chers, et le moins cher c’est le dimédrol . 25% d’entre eux meurent. Ils commencent à avoir des ulcères trophiques qui ne se ferment pas, ils ont d’urgence besoin d’un psychiatre, ils tombent plus bas que terre, ils commencent à avoir peur de l’eau, ils ont du mal à se laver, leur sang devient noir et épais, ils meurent à petit feu. Il y a une multitude d’exemples...

C’est sans parler de ceux qui se pique à l’héroïne, prennent des cachetons ou boivent de l’alcool. Même si tu n’as pas de raison aussi grave que la mort éminente d’arrêter, il faut simplement essayer de ne pas commencer des additifs. Si tu es venu c’est pour tout arrêter. Les jeunes n’ont pas ce but. Même si maintenant on peut les aider si jamais ils ont craqué, la plupart d’entre eux ne veulent pas arrêter de kiffer, c’est pour ça qu’ils sont passés à la méthadone. En plus, il ne faut suivre le programme que pendant 1 ou 2 ans. Un blocage se déclenche alors et le gout à la drogue passe. Après c’est la désintoxe3, et là il y a une chance de ne pas rechuter. Je le sais de mon expérience.

Vous pouvez demander pourquoi je n’arrête pas le TSM alors que ça fait presque cinq ans que je ne me permets pas d’additifs. La réponse est simple : je suis souvent très malade physiquement et la méthadone anesthésie en partie mes douleurs et ça me freine. En plus, j’ai peur de la désintoxe, des étapes de sortie du programme, je suis trop faible en ce moment. Je sortirai du programme dès que mon immunité ira mieux.

Il faut dire qu’il vaut mieux donner de la méthadone deux fois par jour, comme ça il est plus facile de diminuer la dose. La méthadone agit pendant 36 heures mais quand on diminue la dose au minimum, il faut vraiment s’accrocher les premiers jours. Si le matin tu prends toute ta dose d’un coup tu seras malade pendant la nuit et au matin tu ne seras pas bien, mais pas du tout. J’en parle beaucoup autour de moi et ici je ne suis pas la seule à le dire. Mais qui va nous écouter ? Les médecins cherchent la quantité pour que le programme reste ouvert et on peut les comprendre. Et comme toujours la qualité s’en ressent. Et tout le monde oublie qu’il s’agit d’êtres humains, quoiqu’à qui est la faute... Hélas…
 

1. Traitement de Substitution à la Méthadone est un programme de passage volontaire du toxicomane des opiacés à la méthadone.
2. Centre Républicain de Toxicologie.
3. Désintoxication: élimination de la drogue de l’organisme après l’arrêt de consommation accompagnée par l’état de «manque».

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Commentaires:

  • Nick, 22.09.12, 23:48

    On peut pas croire qui il est impossible d’inventer les autres programmes excluant les substances narcotiques.

  • Alex, 21.09.12, 15:29

    Toutes les histoires sur la guérison de méthadone ce sont seulement des mythes de trafiquants de drogues.